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Aznavour au cinéma : viens voir le comédien

La nouvelle est tombée hier, comme un couperet aiguisé qui serait venu trancher net une certaine vision de l’immortalité. Si les hommages en chansons pleuvent, si les mots du poète sont exhumés en masse, si l’on a tous en tête un petit air que même les moins de 20 ans connaissent encore, qu’en est-il du cinéma ?

Il est vrai qu’aujourd’hui, le chanteur Aznavour a pris le pas sur l’acteur. Et pourtant (je n’aiiiime que toi, et pourtant), le 7ème art était tout autant que la musique l’une de ses premières amours. J’aimerais donc vous proposer ici un hommage un peu différent, basé sur les films et sur la carrière d’acteur de Monsieur Charles, un hommage somme toute assez modeste mais qui me tient à cœur.

1. Tirez sur le pianiste, de François Truffaut

En 1960, le réalisateur phare de la French New Wave lui offre le rôle principal de son film. Il s’agit là pour Aznavour d’interpréter un personnage comique, loin de l’image du chanteur sérieux et grave qui lui colle à la peau. Il y incarne donc Charlie Kohler, pianiste de bar timide et sympathique mais ayant quelques démêlés avec des gangsters notoires. C’est d’ailleurs grâce à ce film que l’acteur connaîtra une renommée grandissante aux Etats-Unis.

2. Le Tambour, de Volker Schlöndorff

Si ce film et son réalisateur ne vous disent rien, pas d’inquiétude. Je ne les ai pas choisi pour leur notoriété mais bien parce qu’Aznavour y tient un second rôle, aujourd’hui peut-être oublié. Pourtant, ce sera là son premier rôle largement acclamé par la critique, le faisant passer du statut de chanteur qui joue à l’acteur au statut d’acteur véritable. Notons également que ce film, relatant l’histoire d’un petit garçon refusant de grandir sous le régime nazi, obtint en 1980 l’Oscar du meilleur film étranger ainsi que la Palme d’Or du festival de Cannes en 1979 (ex-æquo avec un certain Apocalypse Now).

3. Les fantômes du chapelier, de Claude Chabrol

Aznavour y incarne en 1982 le rôle d’un modeste tailleur d’origine arménienne, Kachoudas. Ce dernier tient boutique en face de chez un riche chapelier, Léon Labbé (joué par Michel Serrault) considéré comme notable de la ville. Mais lorsque Kachoudas se rend compte que Labbé est en réalité l’étrangleur de vieilles dames qui terrifie la population et nargue la police, il n’ose le dénoncer, étant sans cesse ramené à ses origines étrangères et à son rang social. Magnifique film de Chabrol, l’une des meilleures adaptations d’un roman de Georges Simenon.

4. Le testament d’Orphée, de Jean Cocteau

Il fait dans ce film une brève apparition et est crédité au générique de fin comme étant le curieux. Ce n’est donc pas une œuvre majeure de sa carrière mais ça la résume bien. Le curieux.

Ici avec Jean Cocteau et Yul Brynner

5. Paris au mois d’août, de Pierre Granier-Deferre

Henri Plantin est un simple vendeur à la Samaritaine. Il est contraint l’été de rester à Paris travailler, tandis que sa femme et ses enfants partent passer les vacances dans le Sud. Mais pendant que le chat n’est pas là, même la plus docile des souris danse. Henri tombe amoureux de Patricia, mannequin de mode. Ensemble, ils découvriront Paris au mois d’août.

Ici la chanson du film interprétée par Aznavour lui-même

6. Un taxi pour Tobrouk, de Denys de la Patellière

Durant la Seconde Guerre Mondiale, 4 soldats français réunis par le hasard partent en road movie à travers le désert africain, accompagnés de leur prisonnier allemand avec qui ils finissent par sympathiser. Ce film est bien sûr absolument culte, ainsi que ses acteurs, Lino Ventura, Maurice Biraud, Hardy Krüger, et donc Charles Aznavour.

Et l’on pourrait continuer longtemps, surtout lorsque l’on sait que Charles Aznavour compte au total plus de 80 films à sa filmographie. Je m’arrêterai là, ne souhaitant pas faire de l’excès de zèle. Un dernier mot : merci Monsieur Charles, merci pour tout, merci d’avoir donné au mot éternité ses lettres de noblesse.