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Cinéma

Les vieux fourneaux

Aujourd’hui, parlons peu mais parlons bien, d’un film surprenant au casting absolument exceptionnel ; j’ai nommé, « Les vieux fourneaux ».

Tout commence à l’enterrement de Lucette. Pierrot et Mimile viennent soutenir leur vieil ami Antoine pour les obsèques de sa femme, femme attachante, ayant travaillé tout comme son mari aux usines Garan-Servier dans sa jeunesse. Mais sa vraie passion à Lucette, c’était les marionnettes et son fameux théâtre, bien connu dans la région, du « Loup en slip ». Les retrouvailles des trois compères en ces circonstances pas très réjouissantes pourraient être somme toute assez banales, si Antoine, en triant les affaires de sa défunte femme, n’était pas tombé sur une lettre datant d’il y a cinquante ans, prouvant que Lucette le trompait avec le patron de l’usine, le vil Garan-Servier en personne ! S’ensuit alors un périple rocambolesque qui voit partir tout d’abord Antoine et son fusil, décidés à en découdre une bonne fois pour toutes avec le trompeur, et à sa poursuite, Mimile et Pierrot, entraînant avec eux la petite-fille d’Antoine, la douce Sophie enceinte jusqu’aux yeux. Direction : la propriété en Toscane des Garan-Servier.

La bande-annonce du film (que vous pouvez retrouver ici) laisse présager une grosse comédie française, pas forcément très fine, avec des blagues qui tachent. Il n’en est rien. On s’attendrait à cela que l’on serait surpris, tant le résultat final est bien plus recherché, bien plus profond. Il y a bien évidemment le plaisir de retrouver à l’écran et réunis, les trois « vieux de la vieille » à savoir Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud. Le premier est irrésistible en anarchiste convaincu que pas un sou de sa poche ne tombera dans l’arnaque des péages, le second est attachant en vieux beau bien décidé à séduire encore, et le troisième hilarant en mari trompé prêt à commettre un crime passionnel cinquante ans après les faits. Il serait injuste de ne pas mentionner aussi Alice Pol, qui trouve là un de ses meilleurs rôles (et l’on ne peut pas s’empêcher de penser que cela n’a pas dû être facile facile pour elle, entourée de ces monstres du cinéma), et Henri Guybet, à se tordre de rire en vieux gâteux qui a perdu la tête.

Mais le film est doublé d’une grande réflexion sur le temps qui passe, on s’en doutait, mais aussi, et c’est plus surprenant, sur les erreurs du passé et le fait de les assumer ou au contraire de les cacher et de « faire l’autruche » les concernant. L’usage des marionnettes est très réussi et donne une dimension poétique à l’histoire. Tout comme cette scène au début, dans laquelle le personnage de Roland Giraud déambule dans une vieille photographie noir et blanc représentant sa femme menant une grève syndicaliste. Le genre de scène de cinéma (et de film) que l’on aimerait ne jamais voir se terminer.