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Ceux qui vont mourir te saluent, Fred Vargas

Fred Vargas sort ici de sa saga Adamsberg pour nous offrir un petit roman rafraîchissant et novateur.

L’histoire est courte, bien roulée pourrait-on dire. Efficace. Elle va vite et est truffée de rebondissements, nous surprend. Et l’on se dit que Fred Vargas a décidément le chic pour créer des personnages imprévus et réellement nouveaux.

Ce roman met donc en scène Tibère, Claude et Néron, de leurs vrais noms Thibault, Claude et David, étudiants français à Rome, passionnés d’Antiquité et fascinés par les 3 empereurs auxquels ils empruntent leurs surnoms. Des marginaux, fils à papa, qui passent leur temps à la Bibliothèque Vaticane, en compagnie de Lorenzo Vitelli, évêque et ami d’enfance de Laura, qui n’est autre que la belle-mère de Claude. Vous suivez ? Et quel joli personnage que cette Laura ! Belle, mystérieuse, très proche des 3 jeunes hommes, mariée à Henri Valhubert, elle passe son temps entre Rome et la France. Jusqu’au soir où le père de Claude boit la ciguë lors d’une fête devant le palais Farnèse. Que faisait-il en Italie ? Officiellement, il venait enquêter sur la disparition d’un Michel-Ange. Mais s’il avait en réalité découvert l’existence de la fille cachée de Laura ? Et pourquoi l’avoir assassiné ? C’est ce que va tenter de démêler Richard Valence, délégué sur place par le gouvernement français. Ancien amant de Laura, il devra faire face à son propre passé s’il veut faire éclater la vérité au grand jour.

Cette histoire vaut surtout le détour de par ses personnages. Chacun est un récit à lui tout seul. Le détective taciturne, les étudiants exubérants, et puis Laura, Laura qui est la clé, le cœur du problème. Et il y a une ambiance dans ce livre. Un parfum de dolce vita, de vieux cinéma italien, Sophia Loren, Marcello Mastroianni… Si vous avez la nostalgie de tout cela, lisez ce livre aux multiples rebondissements et à l’atmosphère prenante.

En espérant que vous ayez apprécié cet article, à bientôt !

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Couleurs de l’incendie, Pierre Lemaitre

Avec cette suite très attendue d’Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013, Pierre Lemaitre ne déçoit pas et signe ici, une fois n’est pas coutume, un petit chef-d’œuvre.

On aurait pu penser le risque trop grand. Après tout, combien d’auteurs, après avoir écrit un livre à succès, n’ont-ils pas voulu en faire une suite et ne sont-ils pas heurtés à la critique ? Pierre Lemaitre n’est pas de ceux-là. Car le pari qu’il réussit ici est double : il y a celui de nous embarquer dans une toute nouvelle histoire, et celui de ne pas nous faire oublier la première. Car si certains personnages refont leur apparition pour notre plus grand bonheur, ici, point d’Albert Maillard ou d’Édouard Péricourt. C’est même d’ailleurs tout d’abord un pincement au cœur. Parce que l’on s’était attaché aux personnages. Parce que l’on a la tête pleine de Laurent Lafitte, Albert Dupontel, Émilie Dequenne et autres acteurs du film. Cette nostalgie-là n’est de mise que pour les quelques premières pages. Et sitôt ce sentiment passé, on peut profiter du talent fou de Pierre Lemaitre et de sa capacité à nous emmener ailleurs…

Paris, années 20. Toutes les sommités de la capitale assistent à l’enterrement de Marcel Péricourt. L’événement se verra troublé par le petit Paul, 7 ans, fils de Madeleine, et donc petit-fils du défunt, qui se jette du haut d’une fenêtre de la maison et atterrit sur le cercueil de son grand-père. Paralysé, c’est pour lui une nouvelle vie qui commence. Mais aussi pour sa mère, qui doit en plus remplacer son père à la tête de la banque familiale. Et le destin ne les aidera pas. Trahie, escroquée et reléguée au second plan, Madeleine Péricourt devra se relever sans l’aide de personne, et surtout : préparer sa vengeance.

Si les personnages d’Au revoir là-haut vous avaient laissé une marque indélébile dans le cœur, ceux-ci vous raviront également. Tout d’abord, Madeleine qui nous est présentée sous tous les angles : femme, mère, amie, ange et démon. Paul, enfant handicapé, brillant, que seul l’opéra réconforte. À eux viennent se greffer André, précepteur aux desseins journalistiques ambitieux, Vladi, nounou polonaise exubérante, Solange, cantatrice moins bête qu’il n’y paraît, Joubert, banquier reconverti dans l’aéronautique… Le tout sur fond de Seconde Guerre mondiale qui se prépare et de reconstitution historique, comme d’habitude, au poil.

Lisez ce livre si cela fait longtemps que vous n’avez plus eu de vrai coup de cœur ! (En priant pour que Dupontel en fasse un film ?)

Merci de nous être fidèles et à bientôt sur la Culturothèque du Masque !

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Littérature

L’enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi

Ou l’histoire qui mêle petit garçon autiste, nombre d’or, architecture, philosophie et culture grecque antique.

L’enfant qui mesurait le monde est avant tout l’histoire de Yannis, 12 ans, autiste, vivant avec sa maman dans un petit port de pêche à Kalamaki, en Grèce. C’est aussi celle d’Eliot, la soixantaine, architecte américain venu se reconstruire sur l’île depuis la mort de sa fille.

Et l’intrigue est si riche, si vaste que l’on ne sait par où commencer. Peut-être serait-il judicieux de partir du point de départ… la Grèce. Si l’auteur est en réalité né à Ankara, ses descriptions des paysages égéens n’en sont pas moins sublimes. Tout est fait pour que le lecteur soit transporté, se voit nager dans l’eau bleue de la mer, et se sente frissonner à cause du meltème…

A cette heure de la journée, la lumière était celle des fins de printemps, à la fois claire et d’une grande douceur. Le meltème ne soufflait plus, la mer avait retrouvé son calme. Elle est comme un lac, auraient dit les habitants de l’île qui n’avaient jamais vu de lac, mais ils connaissaient les méchancetés de l’Égée, et à leurs yeux, les lacs étaient sûrement moins cruels. Par instants, des résidus de meltème venaient friper le miroir d’eau et balayaient sa surface de senteurs délicates qu’il fallait saisir au vol, des mélanges d’origan, de thym et de résine. A l’horizon, le ciel tirait déjà sur le blanc. Bientôt le soleil serait caché par les collines des Nissakia, les petites îles situées à l’ouest de Kalamaki. Il deviendrait orangé, puis rougeâtre, et s’affaisserait d’un coup.

L’histoire

Le livre raconte donc l’histoire de la petite île de Kalamaki, splendeur sur le point de se voir défigurée par un projet de complexe hôtelier pour touristes en shorts. Un projet que le maire du village défend ouvertement, maire qui n’est autre que le père de Yannis, qu’il a d’ailleurs abandonné lui et sa mère, obligée de se consacrer à la pêche, tâche d’hommes, pour gagner sa vie. Et c’est d’ailleurs, à notre sens, là que se situe l’émotion de l’histoire. L’auteur ne nous présente pas la maman, Maraki, comme une mère courage prête à tout pour défendre son fils bien-aimé, mais bien comme une femme, avec ses désirs, sa volonté de tout plaquer, et son incompréhension face à la différence de Yannis.

Un Yannis qui, chaque matin sur le marché aux poissons, mesure l’ordre du monde. Quel bateau est revenu en premier de la pêche aujourd’hui, combien de kilos de thons a-t-il ramené, combien de clients sont-ils assis à la terrasse du café Stamboulidis…? Il calcule, il retient, il s’affole lorsque les chiffres sont trop différents d’un jour à l’autre… Eliot est, dans ces cas-là, le seul à l’apaiser, le seul aussi à ne jamais faire de désordre. Eliot qui étudie le nombre d’or et les amphithéâtres, qui l’emmène avec lui et lui parle de chiffres, de mythologie et lui apprend à lire, lui apprend la vie. Mais lequel a le plus à apprendre de l’autre ?

L’enfant qui mesurait le monde est de ces livres dont on apprend. Il est aussi un formidable manifeste pour la sauvegarde des beautés naturelles. Malgré certains passages concernant la politique grecque et le projet de construction un peu longs et peu rythmés, l’histoire est originale et se dévore…

En espérant que cet article vous ait donné l’envie de lire, nous vous disons à bientôt !

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Palmarès et moments forts des Oscars 2018

Pas de mauvaise enveloppe cette fois-ci pour Faye Dunaway et Warren Beatty… Le grand gagnant de la soirée est donc bien « The Shape of Water » de Guillermo del Toro. Retour sur la cérémonie…

Jimmy Kimmel en maître de cérémonie

L’un des moments les plus forts de la soirée était sans aucun doute celui où Salma Hayek, Annabella Sciorra et Ashley Judd, trois victimes déclarées d’agression sexuelle, sont montées sur scène afin de parler du mouvement Time’s up et exprimer leur souhait que les 90 prochaines cérémonies des Oscars soit placées sous le signe de l’égalité hommes-femmes.Du côté de l’animation, on s’attendait à une présentation caustique, teintée de cynisme et d’actualité tournée en dérision. On n’a pas été déçu… Car même si la cérémonie dans son ensemble était relativement sobre, Jimmy Kimmel s’est tout de même fendu de quelques saillies dont lui seul a le secret :

« Black Panther et Wonder Woman sont des succès massifs, ce qui est presque miraculeux parce que je me souviens d’une époque où les grands studios ne croyaient pas qu’une femme ou un réalisateur issu d’une minorité pouvait mettre en scène un film de super-héros. Et la raison pour laquelle je me souviens de cette époque, c’était parce que c’était au mois de mars de l’année dernière »

 

« Oscar est l’homme le plus aimé et le plus respecté d’Hollywood. Et il y a une très bonne raison pour cela. Regardez-le. Il garde ses mains là où tu peux les voir. Ne dit jamais un mot grossier et surtout, il n’a pas de pénis. »

 

Le palmarès par film

The Shape of Water

Meilleur film. Oscar ô combien mérité pour un film osé et à l’idée folle.

Meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro.

Meilleure musique pour le Français Alexandre Desplat.

Meilleurs décors

3 Billboards

Meilleure actrice pour Frances McDormand.

Meilleur acteur dans un second rôle pour Sam Rockwell. Excellent acteur, il sort de sa zone de confort tout au long du film, pour finalement remporter cet Oscar bien mérité.

Les heures sombres

Meilleur acteur pour Gary Oldman. Impressionnant et majestueux dans le rôle de Churchill, nous lui aurions cependant préféré comme lauréat Daniel Day-Lewis pour « Phantom Thread ». L’acteur y est phénoménal et l’on a du mal à croire qu’il s’agit là de son dernier film.

Meilleurs maquillages

Get out

Meilleur scénario original. Mérité quand on sait que l’on n’en attendait pas grand-chose à sa sortie. Jusqu’à ce que ce film inattendu crée la surprise.

Call me by your name

Meilleur scénario adapté

Moi, Tonya

Meilleur second rôle féminin pour Allison Janney.

Dunkerque

Meilleur montage, meilleur montage sonore et meilleur mixage.

Coco

Meilleur film d’animation. C’est un film haut en couleurs et extrêmement joyeux, qui prouve encore une fois que les studios Disney et Pixar font décidément bon ménage.

Meilleure chanson

Blade Runner 2049

Meilleure photographie, meilleurs effets visuels

Phantom Thread

Meilleurs costumes. Pour un film se déroulant dans l’univers de la mode, c’est bien. Mais il aurait mérité bien mieux.

Icarus

Meilleur documentaire. Auquel on aurait préféré « Visages, Villages » d’Agnès Varda et JR.

Dear Basketball

Meilleur court-métrage d’animation

Une femme fantastique

Meilleur film étranger

En espérant que cette chronique vous aura plu, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour donner votre avis et à bientôt !

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Articles culture Cinéma

Palmarès et moments marquants des Césars 2018

Hier soir, vendredi 2 mars, tout le gratin, que dis-je, la crème de la crème du cinéma français se réunissait salle Pleyel. Une soirée placée sous le signe de l’émotion par Manu Payet.

Cette année aura décidément été un grand cru pour le cinéma français. Avec des films chocs, coups de poing, comme 120 battements par minute, des comédies, comme Le sens de la fête, ou des films plus particuliers, inclassables, comme Au revoir là-haut.

Si Le sens de la fête, de Toledano et Nakache, reparti les mains vides malgré ses 10 nominations, est un signe que les comédies restent malgré tout invitées à faire bande à part, l’académie des Césars à tout de même décidé d’innover dans ce sens, en proposant un nouveau prix : le César du public. Conçu pour récompenser le film ayant engrangé le plus d’entrées au box-office, il a été remporté par Dany Boon pour Raid dingue.

Moments forts de la soirée

Présidée par Vanessa Paradis et présentée par Manu Payet, la cérémonie a été ouverte par ce dernier, chantant et dansant sur une chorégraphie qui n’était pas sans rappeler les comédies musicales américaines, entouré de comédiens déguisés en Césars géants et parlants. Si ce départ annonçait une soirée mouvementée, le rythme n’a comme d’habitude pas tardé àretomber. Et comme quelques images valent mieux que 1000 mots, voici une petite compilation des meilleurs moments de la cérémonie :

Meilleurs moments de la cérémonie des Césars 2018

Le palmarès et ce qu’on en pense

  • Meilleur film: 120 battements par minute, réalisé par Robin Campillo. César ô combien mérite pour ce film important, nécessaire, d’autant plus que la concurrence était rude avec Au revoir là-haut, qui le méritait tout autant.
  • Meilleur acteur: Swann Arlaud pour Petit paysan. Encore inconnu il y a quelques mois, il est, avec le film qu’il représente, la grande surprise de cette soirée.
  • Meilleure actrice: Jeanne Balibar pour Barbara. Une interprétation habitée, poignante a fait d’elle la véritable reine de cette cérémonie. Un rôle qu’elle a honoré en livrant un discours vibrant, sans doute l’un des plus beaux jamais prononcés aux Césars.

  • Meilleur acteur dans un second rôle: Antoine Reinartz pour 120 battements par minute. Une surprise, puisqu’il n’était a priori pas le favori. Une récompense que nous aurions, personnellement, préféré être attribuée à Laurent Lafitte pour son impressionnante interprétation du lieutenant Pradelle d’Au revoir là-haut.
  • Meilleure actrice dans un second rôle: Sara Giraudeau pour Petit paysan. Extrêmement convaincante dans un rôle compliqué et dans lequel on ne l’attendait pas forcément, elle ne l’a pas volé !
  • Meilleur réalisateur: Albert Dupontel pour Au revoir là-haut. Peut-être le César le plus mérité décerné en cette soirée, à notre sens en tout cas. Notre film coup de cœur de l’année a été très justement récompensé dans plusieurs domaines dont celui-ci, qui célèbre l’inventivité et l’audace du plus punk des réalisateurs français.

  • Meilleure adaptation: Pierre Lemaitre et Albert Dupontel pour Au revoir là-haut. Quoi de plus logique pour une adaptation qui a su faire d’un livre magnifique un film magnifique ?
  • Meilleur film étranger: Faute d’amour, réalisé par Andreï Zviaguintsev.
  • Meilleur film documentaire: I’m not your negro, réalisé par Raoul Peck. Un documentaire émouvant et nécessaire, merveilleusement conté.
  • Meilleur premier film: Petit paysan, réalisé par Hubert Charuel. C’est LA grande surprise de ces Césars 2018. Une consécration inattendue pour ce film hors du commun.
  • César d’honneur: Pénélope Cruz. Moment émouvant de la cérémonie qui voit Marion Cotillard remettre la récompense à l’actrice espagnole, devant son mari Javier Bardem, et avant une standing ovation générale.

  • Meilleur film d’animation: Grand méchant Renard et autres contes.
  • Meilleur court-métrage d’animation: Pépé le Morse.
  • Meilleurs costumes: Mimi Lempicka pour Au revoir là-haut.
  • Meilleurs décors: Pierre Quefféléan pour Au revoir là-haut
  • Meilleur montage: Robin Campillo pour 120 battements par minute.
  • Meilleur court-métrage: Les bigorneaux réalisé par Alice Vial.
  • Meilleur espoir féminin: Camélia Jordana pour Le brio.

  • Meilleur espoir masculin: Nahuel Pérez Biscayart pour 120 battements par minute. Qui d’autre ?

  • Meilleur son: Olivier Mauvezin, Nicolas Moreau et Stéphane Thiébaut pour Barbara.
  • Meilleure photo: Vincent Mathias pour Au revoir là-haut.
  • Meilleure musique originale: Arnaud Rebotini pour 120 battements par minute.
  • César du public: Dany Boon pour Raid dingue.

Bilan: une cérémonie parfois émouvante grâce aux différents hommages à Jean Rochefort, Jeanne Moreau et Mireille Darc, parfois drôle notamment grâce à Blanche Gardin, mais manquant souvent de rythme malgré les efforts déployés par Manu Payet.

Merci d’avoir lu cet article et à bientôt sur la Culturothèque du masque !

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Littérature

La noirceur des couleurs, Martín Blasco

Amateurs de romans noirs et de suspense, ce livre est fait pour vous ! Mais âmes sensibles, s’abstenir car La noirceur des couleurs est avant tout un thriller extrêmement sombre mettant en scène des personnages d’une cruauté rare.

Tout d’abord, penchons-nous sur le titre. Paradoxe, paradoxe… En effet, comment les couleurs, bleu, jaune, rouge, vert, peuvent-elles aussi être noires ? Serait-ce pour révéler la part d’ombre se cachant en chaque chose que l’auteur a choisi ce titre ? Oui et non. La noirceur, c’est pour le côté sombre, tordu, voire psychopathe que l’on retrouve dans l’histoire. Et les couleurs, c’est Damien, Dimitri, Amira, José et Dante.

L’histoire

Buenos Aires, avril 1885. Des enfants sont mystérieusement enlevés à leurs parents durant la nuit et, la police, devant la complexité du problème, abandonne vite l’enquête. Affaire jamais résolue dont personne ne semble vouloir parler.

Buenos Aires toujours, 1910. Alejandro, jeune journaliste et fils d’un éminent médecin de la ville, se voit demandé de reprendre l’enquête par le père de l’une des enfants.

Ça, c’est pour l’histoire narrée officiellement. Car l’on suit, en parallèle, le journal intime-cahier de bord d’un fou furieux. Un psychopathe qui, en cette nuit d’avril 1885, a enlevé cinq enfants pour les soumettre à quelques « tests éducatifs ». Il les a affublés de noms de couleurs. Ces enfants s’appellent maintenant Azur, Vert, Blanc, Marron et Noir. Azur, dès l’âge du nourrisson, se voit droguée. À Vert, il enseigne dès ses premières années la lecture, l’écriture, la philosophie, il l’instruit. Il enferme Marron dans une niche et confie son éducation à une meute de chien. À Noir, il apprend la violence pour seul moyen d’expression. Quant à Blanc, il servira de référent pour pouvoir le comparer aux autres enfants, et vivra une vie en tout point normale. Le but ? Tirer des conclusions quant à ce que serait le monde avec un système d’éducation différent. Mais que sont devenus ces enfants ? Ont-ils survécu à leur sort ?

Cette histoire ne laisse aucun répit au lecteur, et l’on serait bien en mal de dire ce qui est le plus terrifiant : les pensées et « expériences » d’une sorte de Docteur Frankenstein moderne, ou bien l’enquête haletante d’Alejandro. Mention spéciale pour le dénouement final absolument bluffant et inattendu ! Si vous étiez tenté de lâcher le livre en raison de sa noirceur, n’en faites rien ! La clé de l’énigme vaut la peine d’aller jusqu’au bout. Martín Blasco (photo) signe ici un vrai coup de maître !

Merci d’avoir lu cette chronique, et à bientôt sur le blog!

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Littérature

Le Pendu de Saint-Pholien, Georges Simenon

Première critique littéraire et pas vraiment une nouveauté ! On commence avec un grand classique du roman policier, écrit par un non moins grand auteur : Le Pendu de Saint-Pholien, de Georges Simenon.

Publiée pour la première fois en 1931, on pourrait penser que l’histoire a pris un coup de vieux. Il n’en est rien. Si vous connaissez déjà l’univers de Simenon, vous retrouverez votre auteur belge préféré au summum de son art. Si vous découvrez, apprêtez-vous à avoir une envie subite de dévorer tous les ouvrages signés de sa plume qui auront le malheur de passer par vos mains.Tout d’abord, l’atmosphère. La plupart des romans de Simenon mettant en scène le commissaire Maigret se passent à Paris où en province. Pas celui-ci. Celui-ci se déroule principalement à Liège, ville natale de l’auteur. Et on sent bien qu’il connaît. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans la ville, visualise les lieux décrits comme s’il y était. Mais attention, Simenon ce ne sont pas des descriptions alambiquées truffées de vocabulaire nécessitant la réquisition urgente d’un Larousse. Non, Simenon c’est l’art de créer une atmosphère prenante, envoûtante en quelques mots simples. Pas étonnant donc que son œuvre ait été adaptée tant de fois au cinéma et à la télévision (ici dans un feuilleton de 1981 avec Jean Richard et Michel Blanc).

L’intrigue

Ensuite, il y a l’histoire. Le Pendu de Saint-Pholien est le troisième roman où l’on retrouve les enquêtes de Jules Maigret, commissaire divisionnaire de la Police judiciaire et chef de la Brigade criminelle, quai des Orfèvres, Paris. Ça, c’est pour les présentations.Vous avez peut-être déjà une idée de ce à quoi il ressemble, ne serait-ce parce que Gabin l’a interprété au cinéma. Sinon, quoi de mieux qu’un extrait pour vous le figurer ?

« Non pas qu’il ressemblât aux policiers que la caricature a popularisés. Il ne portait ni moustaches, ni souliers à fortes semelles. Ses vêtements étaient de laine assez fine, de bonne coupe. Enfin il se rasait chaque matin et ses mains étaient soignées.

Mais la charpente était plébéienne. Il était énorme et osseux. Des muscles durs se dessinaient sous le veston, déformaient vite ses pantalons les plus neufs.

Il avait surtout une façon bien à lui de se camper quelque part qui n’était pas sans avoir déplu à maints de ses collègues eux-mêmes.

C’était plus que de l’assurance, et pourtant ce n’était pas de l’orgueil. Il arrivait, d’un seul bloc, et dès lors il semblait que tout dût se briser contre ce bloc, soit qu’il avançât, soit qu’il restât planté sur les jambes un peu écartées.

La pipe était rivée dans la mâchoire. Il ne la retirait pas parce qu’il était au Majestic.

Peut-être, au fond, était-ce un parti pris de vulgarité, de confiance en soi ? » (Pietr-le-Letton, p.27, G. Simenon)

Dans Le Pendu de Saint-Pholien, donc, le commissaire Maigret est, au début de l’histoire, à Brême, où il suit un inconnu qui lui semble louche. L’homme porte avec lui une valise bon marché, de celles qu’on trouve partout, et dont il parait ne pas vouloir se séparer. Maigret a alors l’idée d’en acheter une semblable, qu’il subtilise à celle du suspect. Il loue une chambre d’hôtel à côté de celle de l’inconnu et observe par le trou de la serrure… Il voit alors l’homme ouvrir sa valise, se rendre compte qu’elle est vide,… et se suicider ! Coupable et navré, Maigret décide de mener l’enquête, et qu’elle n’est pas sa surprise lorsque, en ouvrant la valise de l’homme, il s’aperçoit que celle-ci ne contient en tout et pour tout qu’un vieux complet veston taché de sang ! A la morgue, le cadavre ne reçoit aucune visite, si ce n’est celle d’un certain Joseph Van Damme, un Belge qui prétend pourtant ne pas connaître le défunt.Commence alors pour Maigret une longue intrigue qui le conduira de Brême à Paris, de Paris à Reims et de Reims à Liège. Sur sa route, il croisera une curieuse bande d’hommes dont Van Damme fait partie, et qui, il en est sûr, ont un lien avec son affaire. A Liège, il se rend chez l’un de ces hommes, Jef Lombard, dont les murs du bureau sont ornés de dessins de pendus. En faisant le tour des bureaux d’archives des journaux locaux, afin de se tenir au courant des faits divers concernant des pendus, Maigret est sans cesse précédé par Van Damme qui prend soin d’arracher tous les articles parus le 15 février, dix ans auparavant.Que s’est-il passé à cette date, qui s’est pendu, et surtout, que viennent faire là-dedans Les Compagnons de l’Apocalypse ?Nous ne vous spoilerons pas la fin de l’histoire ici car ce roman est vraiment à découvrir. Lisez-le, cela en vaut la peine et vous donnera sûrement envie de vous plonger dans d’autres Simenon.

En espérant que cette critique vous aura plu, n’hésitez pas à partager et à aimer, nous vous disons à bientôt sur la Culturothèque du masque !

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Présentation du blog

Présentation du blog

Bonjour à tous et bienvenue sur ce blog!

Vous qui flâniez sans doute dans les méandres insondables de cet iceberg qu’est WordPress, vous qui, peut-être, avez été attiré par le nom intriguant de ce blog et avez décidé d’y jeter un coup d’œil, nous espérons que vous trouverez ici votre bonheur.

Mais alors, de quoi allons-nous rendre compte ici ?

Eh bien, de tout et de rien. Il fallait donc inventer ce nouveau mot de « culturothèque » pour qualifier ce blog. Vous savez ce qu’est une bibliothèque, une cinémathèque… Une culturothèque est un peu tout cela.Ici, nous traiterons à la fois de cinéma, de littérature et de culture en général.Vous trouverez donc sur ce blog des critiques de livres et de films, des biographies d’artistes et, plus largement, des articles culture.

Nous essaierons de poster le plus régulièrement possible, n’hésitez donc pas à nous suivre.

Bienvenue sur la Culturothèque du masque !