Première critique littéraire et pas vraiment une nouveauté ! On commence avec un grand classique du roman policier, écrit par un non moins grand auteur : Le Pendu de Saint-Pholien, de Georges Simenon.
Publiée pour la première fois en 1931, on pourrait penser que l’histoire a pris un coup de vieux. Il n’en est rien. Si vous connaissez déjà l’univers de Simenon, vous retrouverez votre auteur belge préféré au summum de son art. Si vous découvrez, apprêtez-vous à avoir une envie subite de dévorer tous les ouvrages signés de sa plume qui auront le malheur de passer par vos mains.Tout d’abord, l’atmosphère. La plupart des romans de Simenon mettant en scène le commissaire Maigret se passent à Paris où en province. Pas celui-ci. Celui-ci se déroule principalement à Liège, ville natale de l’auteur. Et on sent bien qu’il connaît. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans la ville, visualise les lieux décrits comme s’il y était. Mais attention, Simenon ce ne sont pas des descriptions alambiquées truffées de vocabulaire nécessitant la réquisition urgente d’un Larousse. Non, Simenon c’est l’art de créer une atmosphère prenante, envoûtante en quelques mots simples. Pas étonnant donc que son œuvre ait été adaptée tant de fois au cinéma et à la télévision (ici dans un feuilleton de 1981 avec Jean Richard et Michel Blanc).
L’intrigue
Ensuite, il y a l’histoire. Le Pendu de Saint-Pholien est le troisième roman où l’on retrouve les enquêtes de Jules Maigret, commissaire divisionnaire de la Police judiciaire et chef de la Brigade criminelle, quai des Orfèvres, Paris. Ça, c’est pour les présentations.Vous avez peut-être déjà une idée de ce à quoi il ressemble, ne serait-ce parce que Gabin l’a interprété au cinéma. Sinon, quoi de mieux qu’un extrait pour vous le figurer ?
« Non pas qu’il ressemblât aux policiers que la caricature a popularisés. Il ne portait ni moustaches, ni souliers à fortes semelles. Ses vêtements étaient de laine assez fine, de bonne coupe. Enfin il se rasait chaque matin et ses mains étaient soignées.
Mais la charpente était plébéienne. Il était énorme et osseux. Des muscles durs se dessinaient sous le veston, déformaient vite ses pantalons les plus neufs.
Il avait surtout une façon bien à lui de se camper quelque part qui n’était pas sans avoir déplu à maints de ses collègues eux-mêmes.
C’était plus que de l’assurance, et pourtant ce n’était pas de l’orgueil. Il arrivait, d’un seul bloc, et dès lors il semblait que tout dût se briser contre ce bloc, soit qu’il avançât, soit qu’il restât planté sur les jambes un peu écartées.
La pipe était rivée dans la mâchoire. Il ne la retirait pas parce qu’il était au Majestic.
Peut-être, au fond, était-ce un parti pris de vulgarité, de confiance en soi ? » (Pietr-le-Letton, p.27, G. Simenon)
Dans Le Pendu de Saint-Pholien, donc, le commissaire Maigret est, au début de l’histoire, à Brême, où il suit un inconnu qui lui semble louche. L’homme porte avec lui une valise bon marché, de celles qu’on trouve partout, et dont il parait ne pas vouloir se séparer. Maigret a alors l’idée d’en acheter une semblable, qu’il subtilise à celle du suspect. Il loue une chambre d’hôtel à côté de celle de l’inconnu et observe par le trou de la serrure… Il voit alors l’homme ouvrir sa valise, se rendre compte qu’elle est vide,… et se suicider ! Coupable et navré, Maigret décide de mener l’enquête, et qu’elle n’est pas sa surprise lorsque, en ouvrant la valise de l’homme, il s’aperçoit que celle-ci ne contient en tout et pour tout qu’un vieux complet veston taché de sang ! A la morgue, le cadavre ne reçoit aucune visite, si ce n’est celle d’un certain Joseph Van Damme, un Belge qui prétend pourtant ne pas connaître le défunt.Commence alors pour Maigret une longue intrigue qui le conduira de Brême à Paris, de Paris à Reims et de Reims à Liège. Sur sa route, il croisera une curieuse bande d’hommes dont Van Damme fait partie, et qui, il en est sûr, ont un lien avec son affaire. A Liège, il se rend chez l’un de ces hommes, Jef Lombard, dont les murs du bureau sont ornés de dessins de pendus. En faisant le tour des bureaux d’archives des journaux locaux, afin de se tenir au courant des faits divers concernant des pendus, Maigret est sans cesse précédé par Van Damme qui prend soin d’arracher tous les articles parus le 15 février, dix ans auparavant.Que s’est-il passé à cette date, qui s’est pendu, et surtout, que viennent faire là-dedans Les Compagnons de l’Apocalypse ?Nous ne vous spoilerons pas la fin de l’histoire ici car ce roman est vraiment à découvrir. Lisez-le, cela en vaut la peine et vous donnera sûrement envie de vous plonger dans d’autres Simenon.
En espérant que cette critique vous aura plu, n’hésitez pas à partager et à aimer, nous vous disons à bientôt sur la Culturothèque du masque !